En 2015, la chanteuse kurde Nûdem Durak a vingt-deux ans lorsqu'elle est arrêtée par les autorités turques puis condamnée à dix-neuf ans de réclusion. Son crime ? Avoir défendu, par l'art, la culture et la résistance de son peuple. Faussement accusée d'être membre d'une prétendue « organisation terroriste », elle se trouve à ce jour derrière les barreaux et doit y demeurer jusqu'en 2034. Quatre ans durant, Joseph Andras a suivi cette affaire aux côtés de la campagne Free Nûdem Durak. Il s'est rendu au Kurdistan et a régulièrement correspondu avec la détenue. Poursuivant son travail d'enquête littéraire dans un récit incarné, sensible et documenté, il reconstitue, à travers la vie de la jeune artiste, l'histoire d'une injustice individuelle et collective. Un livre composé avec Nûdem Durak comme un vibrant appel internationaliste à la solidarité pour tous les prisonniers politiques.
Clairement influencé par Chris Ware et Daniel Clowes, Josh Pettinger ne se contente pas d'un hommage sans envergure. Goiter, brillant recueil d'histoires courtes, révèle un auteur brillant, à l'esthétique très personnelle et avec un sens inné de la narration. Ses histoires, kafkaïennes, oscillent entre réalisme noir, science-fiction et dystopie. Elles ont en commun de traiter avec ironie et un sens de l'humour glacé de l'absurdité de la condition des personnages, du vide de leur existence, ou de leur impuissance face à leur destin. Elles sont à la fois intemporelles et très actuelles. On y croisera pêle-mêle un catcheur père de famille aux moeurs contestables, une jeune femme prête à beaucoup de renoncements pour trouver l'amour, un humoriste un peu triste qui sera confondu avec un serial killer, ou encore des femmes pompiers au caractère bien trempé. Bref, un régal.
C'est l'histoire d'un homme, jeune, qui se nourrit d'un croissant par jour. Simplement parce qu'il n'arrive pas à joindre les deux bouts. Demain, il sait qu'il dépassera son découvert autorisé de 400 euros à la banque. Il cherche une solution à ce problème. Ce faisant, il déambule dans la ville, occasion de réflexions, de rêveries, de souvenirs, mais aussi de rencontres. L'histoire est partagée en trois jours: aujourd'hui, hier, avant-hier.
Dans les années 1950, dans la mer des Caraïbes, une île occupée par la puissance étasunienne s'embrasa pour réclamer son indépendance. Une insurrection armée tenta d'y renverser le joug colonial qui sévissait depuis un demi-siècle, puis chercha à blesser l'empire en son coeur en commanditant l'assassinat du président des Etats-Unis, Harry Truman. Cette île a un nom - Porto Rico - et c'est son histoire largement méconnue que ce roman graphique raconte. Entièrement gravée sur bois, cette bande dessinée à la composition maximaliste renouvelle tout à la fois la narration graphique héritée du roman en gravures et celle des comics. Grâce à sa mise en scène onirique d'une galerie de personnages historiques plus grands que nature, « Et l'île s'embrasa », premier livre de John Vasquez Mejias, est un véritable coup de force.
Entre l'Asie et l'Europe, quatre personnages font entendre leur voix pour raconter la façon dont un simple baiser a modifié le cours d'une vie. Et comment une jeune femme prend en main son existence.
Quatre personnages, quatre chapitres, quatre déclinaisons d'une histoire simple et forte.
On trouve dans le dessin d'Andrea Bruno une douceur qui contraste avec la violence de certaines situations. Et dans le récit réaliste de Frédéric Debomy, un optimisme sur la faculté à basculer des destins même les plus tracés.
Le troisième volume de la trilogie nippone d´Elisa Menini ?!
Une légende japonaise, un voyage initiatique, une succession de pièges à déjouer, qui marquent comme toujours le destin des héros et des hommes. Kintar?, que l´on traduit par « garçon doré », est un héros légendaire du folklore japonais. Enfant à force surhumaine, il est élevé par une ogresse sur le mont Ashigara et devient ami des animaux de la montagne. L´auteur s´empare ici de sa légende pour retracer ses exploits, avec son style unique et sa palette graphique incomparable. Elisa Menini, après le succès rencontré par "Nippon Folklore" et "Nippon Yokai", signe ici le dernier chapitre incontournable de sa série consacrée au folklore japonais.
TROUVE-MOI ! est un livre-jeu poe´tique, une ode a` la beaute´ visuelle des le´gumes. Mae¨va pose ses « gommes » avec une de´licatesse qui invite a` la fla^nerie potage`re, a` l'observation de la nature et a` la gourmandise simple et locale. Cherche et trouve les le´gumes cache´s dans des de´cors tre`s diffe´rents, et de´couvre comment chaque le´gume se cuisine et se mange !
À l'hiver 1942, brûlant de fièvre dans son sommeil, Erich Glas a des visions d'horreurs : des tueries de masse et une terreur incompréhensible se répandent en Europe. Encore sous le choc, il commence à graver, en noir et blanc, une histoire où la peur le dispute au courage et le désespoir à l'espoir. L'artiste, qui a quitté l'Allemagne avec sa famille en 1934 pour s'installér en Palestine, signe un roman graphique en 28 linogravures sans paroles pionnier du genre, dans la lignée de Frans Masereel, Lynd Ward ou encore Otto Nückel, où l'Holocauste s'étale devant nos yeux dans toute son horreur. Cette édition, enrichie d'une postface et de reproductions de travaux de l'artiste, est la première présentée au public francophone.
LES LASAGNES DE MAMIE de Giulia Vetri est un livre à compter, un "counting-book" avec une plus-value culinaire. L'enfant se familiarise avec les chiffres, ainsi qu'avec la cuisine, à travers une recette de lasagne. La peinture de Giulia invite à la nostalgie, à la douceur et à la gourmandise, avec, en filigrane, une jolie relation de transmission entre une mamie et sa petite fille, ou son petit-fils .
L'APPÉTIT VIENT AU MARCHÉ de Justine Duhé nous emmène flâner parmi les étals des artisans et producteurs locaux. Le marché est un endroit magique où tous les sens s'éveillent. On peut y sentir la bonne odeur des tomates de saison, observer les couleurs chatoyantes d'une multitude d'épices et aussi faire des clins d'oeil à des crabes !
Tout au long de cette balade sensorielle, on comprend vite que faire ses courses au marché, c'est déjà un peu « bien manger »...
Février 1939. Complètement submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature de Franco, le gouvernement français parque ces Espagnols dans des camps de concentration où beaucoup d'entre eux vont périr faute de soins et de nourriture.Dans un de ces camps, deux hommes, séparés par des fils de fer barbelés, vont se lier d'amitié.L'un est gendarme, l'autre est Josep Bartoli (Barcelone 1910 - New York 1995), combattant antifranquiste et dessinateur.
LA PETITE POUSSE de Henri Lemahieu est l'aventure de 4 légumes qui de´couvrent un matin une nouvelle pousse dans leur jardin. Au fil des saisons, ils vont la choyer, et se questionner sur son origine... jusqu'à la surprise finale ! Un album qui traite avec humour de la saisonnalité des légumes et de l'écologie. Et qui montre simplement l'importance de respecter les insectes et l'environnement.
Après le fabuleux Nippon Folklore, Elisa Menini nous revient avec un nouveau recueil tout aussi époustouflant.Un jeu antique de la période Edo (1603-1868) inventé, dit-on, par des samouraïs comme épreuve de courage, veut que, dans une pièce, en pleine nuit, on allume autant de bougies que de participants au jeu.Chacun, à tour de rôle, raconte une histoire de fantômes, et à la fin du récit, il éteint une bougie. La pièce se fait plus sombre au fur et à mesure que le jeu progresse. à la fin, lorsque s'éteint la dernière bougie, apparaît un yokai, esprit puissant, parfois bienveillant, parfois moins! Orques, diables, arbres parlants, araignées, dragons et autres chats magiques peuplent ces histoires qui proviennent tout droit de la tradition et des légendes japonaises.
IL Y A DES GÂTEAUX... de Laura Simonati est un imagier graphique et alléchant qui répertorie avec humour toutes sortes de gâteaux et de sucreries, les "dolci" en italien. Laura imagine une manière appétissante d'appréhender les formes, les tailles et les consistances : les gâteaux sont tantôt ronds, tantôt carrés, ils sont moelleux comme des coussins ou croustillants à souhait.
Un album onctueux, aux couleurs acidulées, que l'on a littéralement envie de goûter !!!
AU MENU CE SOIR met subtilement l'accent sur les diffe´rences de gou^t, sur les intole´rances et sur les tabous alimentaires. Les crayons de couleur de Stefania, leur e´nergie, leurs couleurs « wahou » nous e´lectrisent litte´ralement les papilles.
Ce soir, Le´on et ses amis vont di^ner ensemble, au jardin. Ne reste qu'a` penser au menu. C'est la` que les choses se compliquent : chacun a des gou^ts tre`s diffe´rents et devra (ou non) faire quelques compromis...
Iggy Pop porte un tablier de marchand de fruits et légumes, Sean Connery prend la pose en slip à l'AFPA, un superhéros trône sur sa motocrotte, un fan de Picasso vide des poubelles, Plastic Bertrand plane sur des seaux de choucroute... Autant d'histoires folles qui ont émaillé le quotidien d'un travailleur précaire, racontées avec un sens de l'humour et de la mise en scène décapant. À l'heure où le droit du travail disparaît dans les limbes, où les attaques du néolibéralisme n'ont jamais été aussi fortes, on lira avec délectation ces récits qui nous rappellent la réalité de la production capitaliste - absurde, risible, et parfois tragique -, et qui nous poussent surtout à nous engager dans la seule voie possible pour y résister : le sabotage ! À nous faire pleurer de rire Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné EDITION AU FORMAT POCHE
Pour échapper à son quotidien de labeur et à son père, rustre et acariâtre, Ada n'a que la peinture, à laquelle elle s'adonne en secret. En cette année 1917, l'Autriche, comme toute l'Europe, est bouleversée par la guerre. C'est dans sa passion que la « fille des bois » trouve un sens à l'existence.
Quand Vienne l'appelle, le fragile équilibre sur lequel tenait le fil de sa vie ne peut qu'être renversé.
Recueil de sept mythes et le´gendes du folklore japonais, Nippon Folklore rassemble des histoires d'animaux, d'hommes et de me´tamorphoses. Ainsi, «Le Chat aux trois couleurs» raconte l'histoire d'un couple de vieillards dont le chat dévoile de fascinants pouvoirs. «Le Chapeau de paille» relate le supplice que le sort réserve à un homme qui s'est saoule´ au sake´. «Momotaro» retrace le destin d'un homme envoye´ par les dieux pour de´truire les orques d'Onigashima...
Couleurs, ambiances et re´fe´rences : tout ici e´voque l'art graphique du Japon des anne´es 1800, réinterprété dans un style synthe´tique, contemporain et tre`s personnel, qui lorgne du co^te´ du manga.
Voici une femme qui voyage seule, à pied. Avec elle, des rêves, des désirs, des émerveillements. Et dans son sillage, des hommes parfois amicaux, souvent prédateurs, et quelques fois agresseurs. Dans ce récit de voyage qui nous amène jusqu'en Iran, l'autrice raconte le harcèlement, un viol et les pentes raides qu'elle a dû gravir pour continuer à vivre après son agression. Empreint d'une lucidité et d'une sincérité totales, toujours poignant, parfois déroutant, Pente raide est un témoignage sans fard sur l'entrave que constitue la culture du viol pour les victimes en quête de reconstruction. Il contribue aussi à une réflexion essentielle sur la justice, le processus de réparation après une expérience traumatique, ainsi que l'indépendance et la liberté.
Aux côtés de Frans Masereel et Lynd Ward, Otto Nückel compte parmi les auteurs classiques du roman graphique sans paroles, un genre créé dans les années 1930 et qui doit tout autant au cinéma muet qu'à l'expressionisme.
Dans Destin, un ouvrage époustouflant de maîtrise graphique et narrative, l'illustrateur allemand Otto Nückel (1888-1955) signe sans aucun doute son chef-d'oeuvre. En 190 gravures sur plomb, l'artiste donne vie à la destinée tragique d'une femme née dans la misère - et ce à quoi aucune tentative ne parviendra à l'en délivrer.
Ce récit, édité pour la première fois en France par les éditions Imho en 2005, est à nouveau rendu disponible avec une préface de Seth Tobocman et une postface de George Walker.
« Giacomo est l'un des auteurs de bande dessinée vivant les plus intelligents et les plus talentueux. Il est aussi l'un des rares que j'envie » GIPI.
Dans ce récit choral, Giacomo Nanni, par la virtuosité d'une écriture hypnotique et d'un dessin pointilliste aussi précis qu'envoûtant, nous parle de la Terre, des hommes, et de leur impitoyable rapport de force.
Fascinant.
Une usine. La chaîne. Tous les jours. Sans fin. Et la misère. La violence. L'éternel recommencement, d'une génération à l'autre. Est-il seulement possible d'échapper à cette spirale infernale ? En 200 bois gravés sans paroles, Neil Bousfield offre une vision cinglante du monde industriel et de la misère sociale qu'il provoque. En plongeant dans le quotidien de deux frères luttant pour ne pas reproduire les conditions d'existence de leurs parents, nous sommes mis face à la violence sociale de notre monde et des temps incertains que nous traversons.
A Paris, une corneille est témoin d'un attentat terroriste. Se remémorant l'anecdote selon laquelle Rod Taylor, l'acteur principal des Oiseaux d'Hitchcock, aurait durant tout le tournage été harcelé par l'une des corneilles utilisées pour le film, Giacomo Nanni part du postulat selon lequel l'animal est capable didentifier et de se souvenir des visages humains. De là, il imagine l'une delles en témoin des préparatifs d'attentat de la filière jihadiste dite "des Buttes-Chaumont" , suspecte des attentats survenus en France en janvier 2015.
Il reprend pour ce faire le procédé si original et poétique déployé dans Acte de Dieu de l'enchaînement et du croisement des regards et points de vue. La vision d'une corneille a la même valeur que celle d'une petite fille, le Parc des Buttes-Chaumont comme le piège à corneilles deviennent des protagonistes à part entière. Selon Giacomo Nanni, le but de cette histoire n'est "pas seulement de raconter la violence d'un attentat terroriste, mais aussi d'évoquer la brutalité des faits par rapport à linvention littéraire et artistique" .
Comme d'habitude chez Nanni, cette évocation est d'une subtilité et d'une poésie rares.
Joan Cornellà, le Barcelonais à l'humour noir, fait fureur sur le Web : plus de 3 millions d'abonnés sur Facebook, autant sur Tweeter.Il publie, pour la première fois en France, un album aux mines béates et aux couleurs chatoyantes, évoquant en creux une Espagne en crise. Avec un humour noir déviant pour marque de fabrique, Joan Cornellà propose ici des gags composés d'une seule page de six cases, déclinés toujours selon le même principe : anecdote apparemment absurde, sinistre destin. Cervelles brûlées, membres arrachés, mamies cocaïnomanes... Cornellà donne dans le politiquement incorrect, et ses personnages sont très vraisemblablement autant d'émanations monstrueuses d'une Europe tourmentée. Interviewé pour Libération il avoue : « Nous avons tous des limites, sans doute, mais je n'y pense pas tellement », préférant évoquer « un humour absurde », dont il se garde bien de dire qu'il est politique « même si c'est sans doute le cas ». Né en 1981, nourri à l'underground, d'abord dessinateur de presse satirique pour le magazine Jueves, « une sorte de Charlie Hebdo espagnol », Joan Cornellà a fourbi ses armes à la caricature. Le succès de ses strips trash le fait lorgner aujourd'hui du côté de l'animation.