nathalie quintane
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Soixante-dix fantômes : et autres textes
Nathalie Quintane
- La Fabrique Éditions
- 17 Octobre 2025
- 9782358723091
Le 9 juin 2024 était annoncée la dissolution de l'assemblée nationale. Pendant trois semaines, tout fait signe : pas besoin d'attendre 2027, c'est maintenant.
C'est ce maintenant, ce présent des signes sensibles et de l'expérience fasciste ordinaire que s'acharne à repérer et à décrire Soixante-dix fantômes en une soixantaine de courts textes qui prennent appui sur des choses vues ou entendues : un ballon jaune, des lunettes noires... et quelquefois l'irruption d'un personnage bien connu - Bob Marley ou Valérie Pécresse !
Expérience ? Pressentiment ? Interprétation ? Nous sommes en tout cas dans une petite ville de province, l'un de ces « territoires » français situés dans le Sud-Est. À la campagne. Pourtant les échappées et les bifurcations restent possibles... -
« Et donc, il ne me manque que la parole ? Eh bien, c'est que vous êtes sourdingue. » Oui, car c'est un chat qui parle. Chemoule est un chat, un chat français. Ou plus exactement une chatte, mais à la naissance on a cru à un chat. On lui a donc donné le nom de Michel Poniatovski, et après vérification, celui de Chemoule. Une chatte française en ce qu'elle est préoccupée par l'orthographe, par exemple, et en ce qu'elle a le sens de la propriété. Mais c'est surtout un chat qui fait des trucs de chat, comme dormir (beaucoup), manger, utiliser une litière, composer une ode au feu de bois, monter une expédition contre des voisins potentiellement envahissants, protester quand on l'instrumentalise pour une vidéo ou des photos. Elle raconte sa vie dans les moindres détails. Elle pense comme ça pense, un chat. Et Nathalie Quintane invente alors une langue poétique « pour parler le chat ».
Stephen Loye, artiste et cinéaste, a dessiné Chemoule en même temps que le texte s'écrivait. Ou plutôt il a dessiné des chemoules : des chats par centaines, reprises de chats médiévaux ou japonais, parfois inventés, parfois tout droit issus de photos de Chemoule elle-même. Quelques-uns de ces dessins rythment le texte, signalant le passage d'un chapitre à l'autre, posant un contre-point au texte ou simplement l'illustrant, encourageant le lecteur/la lectrice à regarder ailleurs : hors-page...Chemoule fait penser à certains textes de Colette, mais avec une radicalité du langage et un humour propres à l'écriture de Nathalie Quintane.
Stephen Loye conçoit également le compte Instagram chemoulequintane, en fonction depuis le 1er janvier 2025. -
En quarante-huit courts chapitres, Nathalie Quintane fait le tour d'une vie d'élève, puis d'enseignante, la sienne, en s'attachant aussi bien aux objets (l'estrade, la trousse...) qu'à l'institution (ses concours, son personnel)...
Et à ses « mutations », insidieuses ou à marche forcée.
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Les pauvres et les riches ont profondément changé : les premiers ont été transformés en une foule semi-clandestine ; les seconds, en roue libre, se sont mis à enfourner et recracher du fric comme un distributeur détraqué. Alors que tout autour est dans le Zola ou dans le Barbara Cartland, le milieu du tableau continue à avancer prudemment en plein ciel après avoir perdu le contact avec la planète. Et si les classes moyennes étaient le seul véritable ennemi de la démocratie ?...
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C'était un des poètes les plus importants de sa génération : « Tarkos en poche, c'est pour que vous le lisiez » (Nathalie Quintane dans sa présentation).
Voici en format poche la première anthologie originale pour (re)découvrir l'oeuvre poé- tique de Christophe Tarkos (1963 - 2004) et rendre accessible à tous, ses poèmes et ses textes les plus connus. « Ma langue, écrivait Tarkos, est poétique par tous ses pores, par tous ses membres, le long de toute sa sublime sensibilité révélée par ses mots magiques, tous ses mots, le moindre de ses mots... » Nathalie Quintane et Valérie Tarkos ont rassemblé les principaux textes et poèmes qui ont fait la notoriété du poète comme Le Petit bidon, Le bonhomme de Merde, Je gonfle ou Manifeste Chou... Mais aussi plusieurs textes extraits des recueils L'argent, Caisses, Pan.
Nathalie Quintane a rédigé pour ce volume une présentation inédite du poète et de son oeuvre.
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Inspiré par l'« affaire de Tarnac », Tomates (P.O.L, 2010) parle de ce qui se passe au moment où il est écrit (2009). Nathalie Quintane le présente ainsi : « C'est un texte occupé. Pas seulement par moi, malgré les apparences. Un texte occupé par l'imposition d'un style, comme ils disent, par un ton, par des faits, par des manières de rapporter ces faits. De cette occupation, je n'ai pu me défendre que par une préoccupation - une inquiétude. Et par un amateurisme acharné en tout (de la culture des tomates à la culture tout court, de la politique à l'autobiographie). Il ne faudrait pas en attendre une définition, ou une description, valides (encore moins validées) du fascisme, par exemple, même s'il en est souvent question. Je crois qu'on y repère par moments des bribes d'essai, de critique littéraire, une conversation romanesque autofictive, des pamphlets en trois lignes, un lot de syllogismes, et toutes sortes de ressemblances ponctuelles avec des genres existant ou ayant existé. Cela dit, comme je l'ai écrit d'une traite, il me semble qu'il peut se lire d'une traite ; traversé, accompagné, par l'inquiétude - ou l'impression durable d'avoir les boules que je ne pense pas être la seule à avoir ressentie cette année-là. »
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Tout va bien se passer ! D'autant plus que cela se passe à Paris, non dans les rues obscures de quartiers périphériques mais en plein centre ! Quel bonheur de retrouver notre capitale, de fières avenues en fiers boulevards - et bâtiments officiels ! Car l'essentiel a lieu rien moins qu'à l'Élysée. Vous vous y dirigerez de salons en salons (voluptueusement décrits) sans jamais vous y perdre et en allant droit au but grâce à vos guides : la narratrice et... un sémillant ministre. Mais nous ne serons pas seuls, le ministre, vous et moi. Une autre personne viendra prêter main forte, née en 1780 : Lucile Franque, peintre. C'est que je n'ai trouvé personne de mieux pour me donner un coup de main dans ce livre, c'est-à-dire nous donner un coup de main dans la vie. Que dire d'autre ? Ah oui : un brouillard agréable baigne l'ensemble.
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En voiture, à la maison, et dans les situations banales de la vie quotidienne, nous ne sommes plus le plus souvent que des automates, l'esprit ailleurs, occupé à des choses sérieuses.
Or, la narratrice de remarques nous oblige à fixer notre regard précisément sur ces instants sans " histoire ", ces temps morts qui constituent le plus clair de nos vies, et que nous ne cessons d'oublier. ils suggèrent alors comme autant de mystères, et le monde, et notre existence dans le monde, prennent le caractère d'une énigme.
Telle est la puissance " poétique " d'un texte qui nous laisse tout surpris de trouver de la vérité et de la profondeur là oú, jusqu'à présent, l'on, n'avait vu que de l'insignifiance.
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"J'adore apprendre plein de choses" est un livre qui mêle des anecdotes, des idées, des mémoires, des critiques concernant l'éducation nationale. La forme varie d'un chapitre à l'autre. Le texte est très rythmé, l'ensemble a été composé avec attention, et il faudrait en parler comme d'un collage plutôt qu'un poème ou un essai. Le livre commence par "Là-bas au fond, on se tait, s'il vous plaît."
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Le son du camion : Un parcours subjectif dans le rock
Ll De Mars, Nathalie Quintane
- Philharmonie De Paris
- Supersoniques
- 11 Avril 2024
- 9791094642764
Parcours erratique dans des souvenirs de souvenirs de concerts rock, punk,
Le Son du camion voyage de haut-parleurs en micros pour amplifier les espaces et les corps. Pour ceux qui ne courent pas après la norme, le rock est un lieu commun et un contrepoint. Le son est ambiance, énergie, histoire : il est audio et visuel. " J'ai beaucoup entendu et bien peu vu ; ai-je écouté ? Il est possible que le rock, comme bien d'autres, soit une musique qui ne s'écoute pas (je m'entends). " -
Les années 10 regroupe une série de textes écrits entre novembre 2013 et juin 2014. Le livre part d'une visite pré-électorale de Marine le Pen dans une ville de province et s'achève sur une question : pourquoi l'extrême gauche semble-t-elle préférer les essais à la littérature ?
En usant de genres, d'outils et d'opérations propres à la littérature, la plupart des textes tentent de revenir sur ce qu'on entend par « peuple », réexaminent les façons de ceux qui, n'étant pas ou plus du peuple, voient, désirent, fantasment, sabordent, ruinent, suppriment le, ou un « peuple ». Au-delà de « s'appuyer sur une expérience personnelle », chaque texte entend produire comme expérience l'analyse de ce que c'est que « peuple » quand on dit bâtir pour lui, qu'on le façonne en personnages, qu'on en fait la critique nécessaire, qu'on espère s'y noyer ou s'en éloigner, pour mieux, pense-t-on, le voir, le cerner, le comprendre, en revenir et y revenir.
Ce qui peut apparaître comme une recherche en direct, progressive, - dont l'humour n'est pas absent - est une possible ressource pour que nos assertions acceptent d'être indécises et sans cesse revues. C'est à ce travail continu, ouvert, sérieux sans être grave, qu'invite Les années 10.
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En mars 1976, on a pu lire dans la presse : « Des partouzes chez la jolie prof de philo du lycée mixte ! Tous les honnêtes gens de Digne crient au scandale et ils ont raison. » La prof en question s'appelait Nelly Cavallero, trente-quatre ans, professeure agrégée de philosophie au lycée de Digne. Suspendue de ses fonctions par décision rectorale du 3 mars 1976, inculpée d'incitation de mineurs à la débauche par un juge d'instruction. Pour Nathalie Quintane, la Cavalière, c'est elle, Nelly Cavallero. En ce milieu des années 70, loin déjà de 68, on est bien décidé à l'éteindre, et pour cela à l'atteindre.
Inculpation. Procès. Nelly, c'est bien plus qu'une enseignante suspendue ou radiée des cadres de l'Education nationale, en ces années où la chose n'était pas si rare. Toutes celles et ceux qui l'ont connue et que Nathalie Quintane a rencontrés pour écrire ce livre, quarante-cinq ans plus tard, s'accordent : « Elle mettait le feu - non tant pour ce dont on la soupçonna (à tort) à l'époque mais parce qu'elle fut une acharnée de la vérité ». Les témoins parlent ; ils se souviennent d'elle, mais surtout de cette époque.
Ce livre n'est pas une simple biographie. « La vie de Nelly Cavallero ouvre bien d'autres portes, écrit Quintane, et m'a considérablement aidée à réécrire pour aujourd'hui des questions essentielles : si nous devons changer de vie, pour quelle(s) vie(s) devons-nous changer ? En quoi celles et ceux qui vécurent d'autres vies que les nôtres il y a une cinquantaine d'années ont-ils encore quelque chose à nous dire que nous puissions entendre ? » La Cavalière est un livre aimanté par le présent et nourri de mille vies vivantes, douloureuses parfois, mais traversées par ces années singulières de contestation, de colère, de moments inouïs et de découragements, et que Nathalie Quintane confronte à notre propre situation actuelle. Des vies à l'assaut d'un ciel bien réel - celui qui éclaire d'une lumière crue une petite ville de province et la France - en ce milieu des années 70, bien décidées à empêcher tout réel changement, quoi qu'il en coûte. « Mais est-ce que je cherche à comprendre ? se demande Nathalie Quintane. Des choses montent - des vues, des bribes. Je les recopie, je les consigne. J'aimerais bien savoir si vous voyez ce que je vois, si vous entendez ce que j'entends, si vous pensez que j'exagère ou au contraire que je suis en dessous de la réalité. »
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L' art et l'argent
Jean-Pierre Cometti, Nathalie Quintane
- Éditions Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 11 Juin 2021
- 9782354802288
L'art et l'argent : ce vieux couple célèbre depuis peu de nouvelles noces, à nouveaux frais. A tel point qu'il est devenu difficile, voire impossible, de ne pas immédiatement parler d'argent lorsqu'on parle de l'art d'aujourd'hui. L'art semble désormais l'affaire exclusive des plus riches ; les autres sont invités à en admirer les effets mais à éviter d'en tirer les conséquences et d'en penser l'implicite.
Ce livre part au contraire de l'idée que la question de l'art, donc aussi celle de ses rapports avec l'argent, appartient à tout le monde. En mêlant témoignages, essai littéraire, textes théoriques et reproductions d'oeuvres contemporaines, en s'intéressant aux fondations privées comme aux écoles d'art, à la spéculation comme à la condition d'artiste et à la précarisation des travailleurs des mondes de l'art, il voudrait permettre de mieux comprendre depuis quand, comment et sous quelles formes la "valeur" argent a transformé nos façons de faire de l'art, de le regarder et d'en parler.
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Préfacé par Nathalie Quintane, cet ouvrage regroupe le seul essai écrit par Jean Sénac en 1957, Le soleil sous les armes, deux des ses derniers recueils de poésie : A-Corpoème et Les Désordres et un recueil de poésie et d´hommages au poète algérien paru en 1981, Jean Sénac vivant.Jean Sénac, homme de radio, poète et militant politique algérien s´engagea dès le début de la guerre de libération nationale algérienne au côté du FLN. Poète prolifique, il ne cessa de soutenir les droits des peuples, d´écrire contre le colonialisme et l´aliénation tout en encourageant de nombreux jeunes poètes algériens. Attaqué vigoureusement pour son homosexualité mais aussi pour sa liberté de pensée dans une Algérie qu´il voulait ouverte et socialiste, il fut petit à petit mis à l´écart, menacé jusqu´à être assassiné en 1973 à Alger.
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Ultra-Proust ; une lecture de Proust, Baudelaire, Nerval
Nathalie Quintane
- La Fabrique Éditions
- 9 Mars 2018
- 9782358721615
Prenons trois monuments : Proust, Baudelaire, Nerval. Et prenons, dans ces trois monuments, le plus parfaitement monumental et délicat, le plus usé par les baisers désormais séculaires de ses admirateurs : Marcel Proust.
Essayons de comprendre comment cette admiration, sous couvert de nous donner Proust, et de nous le donner mieux (à goûter, à apprécier), dans un même mouvement nous le retire, nous en prive.
Voyons comment et pourquoi Proust, en son temps, dans Contre Sainte-Beuve, régla violemment leur compte à ceux qui désamorçaient Baudelaire et Nerval, en les qualifiant de poètes « bonhommes », « charmants », et « bien français ».
Voyons comment et pourquoi ils ne le furent pas.
Voyons en quoi l'excitation sensible en littérature (écrite, lue) n'est pas séparable d'une excitation politique, et comment s'y fabriquent in vivo des biens symboliques inaliénables, sans cesse inventés, des gestes en continuité et en écho avec nos expériences quotidiennes.
En s'appuyant sur une lecture précise des chapitres que Proust a consacrés à Baudelaire et Nerval et à leur réception, ainsi que sur l'oeuvre de ces deux poètes, Ultra-Proust entend enthousiasmer la littérature, et nous la rendre comme équipée pour aujourd'hui.
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Une jeune mariée, Louise, décroche le gros lot à un jeu radiophonique. Transformée, radieuse, elle se prépare avec son époux Marcel à une vie de plénitude matérielle. Sa fortune rachètera-telle tant d'années de "mort lente" et "déguisée" ? Ou ce surcroît d'existence précipitera-t-il la dissolution du couple et de leurs amis ? Louise et Marcel traversent les boulevards et la nuit parisienne en faisant étalage de leurs désirs.
Appartement mobilier coiffure chirurgie voyage enfant peut-être... rien n'échappe à leur envie ni à leur ambition. La Tour tend à la société de consommation le miroir du bonheur en toc, de la publicité effrénée, des objets standardisés, de la fortune coupée de la vie intérieure.
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«CLUB BIZARRE est un livre à double fond, ou peut-être à triple fond, ou plus encore. Un livre qui pourrait se jouer du lecteur, ou des sens de lecture.s, ou de tout ce qui n'est pas écrit, mais convoqué. C'est un livre étrange et drôle où les tabliers sont échangés : Nathalie Quintane dessine, Stéphane Bérard écrit.
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Chaosmogonie est la preuve qu'il n'y a pas deux Balestrini - d'un côté, le poète d'avant-garde ; de l'autre, le militant de l'autonomie, co-fondateur de Potere Operaio (Pouvoir Ouvrier) en 1967.
Tous les poèmes de ce recueil sont "montés", c'est-à-dire que les phrases ou fragments sont repris, déplacés, répétés, et que ce sont justement ces reprises (de Bacon, de Cage, de Godard, entre autres), ces déplacements et ces répétitions qui opèrent et analysent politiquement le monde.
Dans Chaosmogonie, Balestrini ré-invente ce qu'on pourrait appeler une poésie théorique confessionnelle, une poésie où l'intime est entièrement externalisé et prend sa force d'opposition dans l'art toujours libre et violent du montage.
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Objections : scènes ordinaires de la justice
Marius loris Rodionoff
- Éditions Amsterdam
- L'Ordinaire Du Capital
- 15 Avril 2022
- 9782354802493
Entre 2015 et 2019, Marius Loris Rodionoff s'est rendu dans les tribunaux de grande instance de Lille, Paris et Alençon pour assister aux audiences publiques de comparutions immédiates. Retenant dix journées d'audiences, à raison de cinq affaires par jour, il a composé la cinquantaine de textes que contient ce volume. Le dispositif choisi est brut et sobre : la transcription des faits incriminants. À travers ces scènes ordinaires de la justice, l'auteur décrit en ethnographe le fonctionnement d'une institution de reproduction de l'ordre social. Au moment où la comparution immédiate se politise et sert à réprimer massivement les mouvements sociaux, ce livre lève un coin de voile sur cette machine à punir et enfermer.
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« J'aimerais, ici, m'attarder - et comme m'absenter - sur un détail ; aussi bien les détails n'en sont-ils pas, ou pour quelques-uns mais pas pour d'autres, et c'est à ces derniers que je m'adresse, les premiers étant autorisés à passer au paragraphe suivant, manger un morceau, langer un nourrisson, récupérer un chat dans un arbre. »
Nathalie Quintane dissèque les moeurs et coutumes des habitants de V. De digressions en accumulations, avec humour et ironie, elle balade le lecteur où elle l'entend dans sa tentative d'épuisement d'une petite ville de province.
Nelly Maurel s'approprie les images et rebondit en jeux de mots, références et autres énigmes pour nous livrer du texte sa vision cocasse et personnelle. -
Automne 2016 : des Centres d'Accueil et d'Orientation pour les réfugiés migrants s'ouvrent un peu partout en France, à la suite du démantèlement de la « jungle » de Calais. Les enfants vont bien commence là. Président de la République, ministres, textes de loi, presse régionale, animateurs du C.A.O., réseau d'aide... Tout le monde a quelque chose à dire des réfugiés, et c'est chaque pa- role, chaque phrase, chaque énoncé ou fragment de texte officiel, de chacun, sur chaque page, que ce livre recueille, entre 2014 et 2018. La simple juxtaposition de ces phrases forme une mélopée d'autant plus triste (et cruelle) qu'elle est parfois éclairée par des regains d'espoir. A la lecture, l'effet est radical. On lit en creux le drame de ces personnes que l'on n'entend pas, que l'on ne lit pas, et qui ne citent rien.
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La littérature pas plus que la philosophie ne sont déprofessionnalisées, pas plus que la connaissance sexuelle : si la connaissance sexuelle étaient enfin totalement déprofessionnalisée, Brigitte ne s'acharnerait pas deux heures par jour tous les jours sauf le week-end. Oui mais la littérature peut être lue par tous et non par un, et tous écoutent l'émission et comprennent.
Crâne chaud parle d'amour, non au sens de j'aime les vacances ou j'aime mon chat, mais au sens plus précis de sentiment sexuel.
Comme le genre n'est jamais simple à dire, on pourrait avancer que ce livre est une fantaisie, ou plutôt une fantaisie réaliste, ou encore une fantaisie réaliste critique.
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Chaussure nest pas un livre qui, sous couvert de chaussure, parle de bateaux, de boudin, de darwinisme, ou de nos amours enfantines. Chaussure parle vraiment de chaussure.
Chaussure ne résulte pas dun pari ; il ne présente aucune prouesse technique, ou rhétorique. Il nest pas particulièrement pauvre, ni précisément riche, ni modeste, ni même banal. Ce nétait pas un projet, mais ce nest pas un brouillon, mais il na pas encore trouvé sa fin.
Chaussure sest gorgé de tout ce quil a croisé sur son parcours : des patins, des chaussons descalade, un homme avançant en palmes sur la plage, Socrate nu-pieds dans Athènes, Caligula, Imelda Marcos (bien sûr), la Transcaucasie, linvention de la chaussure, le squelette du pied, la terre quon foule etc, et il la rendu.
Bref, cest un livre de poésie pas spécialement poétique, de celle (la poésie) qui ne se force pas.
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Pour que droits et dignité ne s'arrêtent pas au pied des murs
Collectif
- Le Seuil
- 18 Mars 2021
- 9782021464030
Créée en 1996, la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP) se bat pour le respect des droits et de la dignité dans les prisons françaises et milite pour la réduction du recours à l'emprisonnement. En vingt-cinq ans, l'association est devenue un interlocuteur essentiel pour les détenus mais aussi pour l'ensemble des personnes qui s'intéressent à la question carcérale. Elle est par ailleurs une force de proposition respectée des institutions qui sollicitent régulièrement son analyse. Pourtant, alors que la prison reste un espace de non-droit, l'Observatoire n'a jamais été aussi peu soutenu financièrement par l'État. Au point que son existence est menacée.
C'est pour réaffirmer les valeurs qui sont au fondement de son action que des écrivains s'associent au combat pour sa défense. Leurs textes rappellent à quel point la prison hante nos consciences malgré les mécanismes d'occultation de sa dure et proche réalité. Chacun y raconte, dans une grande diversité de forme et de ton, son lien à ce lieu de relégation et dénonce le scandale de sa persistante inhumanité.
Les bénéfices de ce livre sont reversés à l'OIP